BIO
Cyrielle Raingou est une cinéaste camerounaise qui se consacre à la promotion internationale du cinéma africain en mettant en évidence son potentiel économique. Elle utilise les légendes, les métaphores et le symbolisme animal pour révéler la complexité et le mystère de la nature humaine. Son premier long métrage, I’m Coming for You, a reçu le prix de la Fondation Kirch. En 2014, elle a fondé Je Capture Ma Réalité LLC, une société qui produit des œuvres de femmes cinéastes. Son premier long métrage documentaire, Le Spectre de Boko Haram, traite de la vie dans une zone de guerre du point de vue des enfants. Il a été présenté pour la première fois au FIF de Rotterdam (2023), où il a remporté le Tiger Award. Elle est diplômée en droit et en réalisation de films
DÉCLARATION DE LA RÉALISATRICE
Chaque fois qu’il y a des caméras en Afrique, elles sont toujours là pour montrer la misère et la pauvreté. J’ai grandi dans un petit village [dans la même région que le film] et je pensais que tout ce qui était beau et inspirant venait de l’extérieur, du monde occidental. Les conflits, l’UNICEF… voilà les images de l’Afrique avec lesquelles j’ai grandi. On ne veut pas vivre dans un endroit comme celui-là, alors j’ai étudié, j’étais la meilleure dans tous les domaines. Ma famille n’était pas riche, c’était donc ma chance de m’en sortir. Je veux que les cinéastes étrangers y réfléchissent. Ils peuvent venir en Afrique avec les meilleures intentions, mais en répétant [ces images], ils détruisent l’imagination et les rêves des gens.
C’est comme avoir toutes ces belles pommes et savoir que l’une d’entre elles est pourrie. C’est ce que l’on ressent là-bas. Tout semble parfait, pour un jour. Puis on entend des coups de feu, des explosions. Ces gens restent, parce que c’est leur façon de résister, de dire : « Cet endroit m’appartient et ils ne me jetteront pas dehors ».
La réalisation de ce film a été très, très difficile. J’y ai consacré trois ans de ma vie et j’ai dépensé tous mes fonds de développement. Mais ce n’était pas bien. J’étais très déprimé à l’époque. Pourtant, je savais que je devais m’en tenir à cette décision.
Les enfants n’ont pas de filtre. Ils vous disent comment ils voient les choses et tout vient de leur cœur. Lorsque je parlais aux adultes, c’était différent. Il y avait beaucoup de plaintes et d’explications, alors je me suis concentrée sur eux.